Présidentielle 2022 : Accélérer pour faire de la France un pays leader de l’hydrogène
Le prochain quinquennat sera déterminant pour le décollage de la filière hydrogène en France. Dans un contexte de développement de l’hydrogène déjà très concurrentiel – que ce soit aux USA, en Chine ou encore en Europe notamment chez nos voisins allemands – il s’agit de maintenir le cap et d’accélèrer dans le cadre d’une stratégie industrielle engagée par l’Etat à hauteur de 9 milliards d’euros d’investissements, pour déployer d’ici 2030 jusqu’à 6,5 GW de capacités d’électrolyse et produire plus de 600 000 tonnes d’hydrogène renouvelable ou bas-carbone au service de la décarbonation de l’industrie et des transports lourds.
Les propositions de France Hydrogène s’articulent autour de 5 axes stratégiques :
- Disposer de suffisamment d’énergie primaire : accélérer le déploiement des renouvelables
La France devra pouvoir compter sur des ressources en énergie primaire abondantes et toutes ses ressources en électricité renouvelable et en électricité nucléaire devront être mobilisées pour produire sur son sol les quantités d’hydrogène renouvelable ou bas-carbone nécessaires à ses ambitions de décarbonation. Ainsi, le socle de production d’électricité bas-carbone de notre mix ne doit pas être menacé, si l’on souhaite produire massivement l’hydrogène nécessaire à la décarbonation de nos processus industriels et de nos transports. En parallèle, le rythme de déploiement des énergies renouvelables – photovoltaïques, éoliennes sur terre et en mer – devra être accéléré si la France souhaite produire de l’hydrogène renouvelable compatible avec les objectifs de l’Union européenne.
- Maîtriser le prix de l’électricité
Dans le contexte de crise des prix de l’énergie, la maitrise du prix de l’électricité sera déterminante pour assurer à terme une compétitivité de l’hydrogène renouvelable ou bas-carbone vis-à-vis des énergies fossiles. Le prochain Gouvernement devra bâtir de nouveaux instruments contractuels de long terme pour protéger les producteurs d’hydrogène des risques de marché et de la volatilité des prix de l’électricité. Une réflexion sur les conditions de raccordement des projets d’électrolyse doit être menée, pour bénéficier des réductions de coûts d’accès au réseau électrique.
- Garantir la neutralité technologique
L’électrolyse est une technologie mature et adaptée à la production massive d’hydrogène renouvelable ou bas-carbone. Mais d’autres technologies de production doivent être soutenues, comme les procédés de production d’hydrogène à partir de biomasse, les techniques de captage et séquestration du carbone (CCS) qui peuvent être déployées efficacement dans les complexes industrialo-portuaires du pays, ou encore d’autres voies prometteuses à développer.
- Accélérer le développement de la mobilité et de l’infrastructure de recharge
L’hydrogène renouvelable ou bas-carbone est un excellent moyen de décarboner les transports routiers et ferroviaires. En phase d’amorçage du marché, il est nécessaire de soutenir cette demande d’hydrogène. Les aides à l’acquisition des véhicules hydrogène doivent être repensées pour, à l’instar de ce qui se fait en Allemagne, couvrir jusqu’à 80 % du différentiel de coût avec un véhicule diesel équivalent, dans des segments stratégiques où l’offre industrielle française est en train de se structurer. Un réseau d’infrastructure de recharge doit être développé pour assurer un maillage complet et cohérent de stations d’hydrogène sur le territoire national et procurer ainsi un confort suffisant aux utilisateurs. Il s’agit aussi préparer le déploiement d’infrastructures de transport et de stockage d’hydrogène de grande envergure, qui constitueront la base d’un futur réseau hydrogène européen.
- Soutenir la réindustrialisation
L’hydrogène doit faire partie d’une politique industrielle globalepilotée par l’Etat lors de ce prochain quinquennat. Il sera nécessaire de valoriser des fabrications françaises porteuses de réindustrialisation pour nos territoires. Il s’agit du soutien à la construction de gigafactories de production d’équipements clés comme les électrolyseurs et les piles à combustible mais également de composants stratégiques comme les membranes ou encore d’usines de fabrication de stations de recharge.
« Mon message aux candidats est clair : l’hydrogène doit rester une priorité du prochain quinquennat et son déploiement doit être soutenu, voire accéléré pour répondre aux enjeux. Si nous voulons tirer parti de l’opportunité unique qui nous est offerte de changer notre modèle énergétique pour décarboner notre économie tout en retrouvant une souveraineté technologique et industrielle, l’hydrogène doit tenir une place de premier plan dans les politiques énergétiques françaises et européennes. La course internationale est lancée. Pour devenir un leader de l’hydrogène décarboné, nous devons accélérer et nous appuyer sur nos spécificités comme notre mix énergétique déjà très décarboné ou encore la bonne articulation entre innovation, recherche et industrie à laquelle nous devons aujourd’hui l’excellence française dans l’hydrogène. Enfin, derrière les usines et les « gigafactories », il y a des emplois et des besoins en compétences. Il faut nous lancer sans tarder dans la « coloration à l’hydrogène » des formationsinitiales et continues pour répondre rapidement aux besoins des industriels de la filière hydrogène. », déclare Philippe Boucly, Président de France Hydrogène.