Fruit de six années de recherche, dans le cadre du projet Flagships, le premier bateau fluvial propulsé à l’hydrogène développé par le groupe Sogestran, a été baptisé le 3 décembre à Paris.

Basé au Havre, et sensible à la transition énergétique (avec des réalisations dans le gaz naturel liquéfié, les biocarburants et l’hybride Diesel-électrique), le groupe Sogestran est fier d’avoir pu faire aboutir ce projet. « C’était un défi au long cours », témoigne Pierre-Yves Girardet, actionnaire et administrateur du groupe. Et pour cause : le projet a été retardé de deux ans en raison de problèmes liés à la réglementation. « Un véritable parcours du combattant », témoigne-t-il, mais à l’arrivée « un projet enrichissant de bout en bout ». « Des freins persistent pour massifier ce type de déploiement que ce soit dans l’intégration des solutions, l’évolution de la réglementation ou les financements pour les acteurs qui s’engagent dans ces innovations, mais nous nous y employons avec force car la solution hydrogène répond au besoin du secteur », souligne Philippe Boucly, président de France Hydrogène. 

Pour l’anecdote, l’armateur fluvial pensait pouvoir tenir les délais pour les Jeux Olympiques, cet été dans la capitale. Mais, les autorisations ne sont pas arrivées dans les délais.  

Pour ce baptême, Sogestran a pu compter le 3 décembre à Paris, sur la présence du ministre des Transports François Durovray (démissionnaire du gouvernement Barnier) qui a salué « une avancée majeure pour le transport fluvial et la transition énergétique en France ». Et il a ajouté : « Ce bateau, premier de son genre propulsé à l’hydrogène en France, incarne l’engagement du pays pour une mobilité durable, innovante et décarbonée. Il témoigne de notre capacité à concilier performance logistique et respect de l’environnement ». Sa présence était « une grande fierté pour Sogestran », indique M. Girardet.  

Long de 55 mètres, le Zulu 06 est un bateau conçu pour répondre aux besoins de la logistique urbaine. Il est capable de transporter 400 kg de marchandises en mode zéro émission, grâce à l’intégration de deux piles à combustible de 200 kW chacune. Le navire est alimenté par 300 kg d’hydrogène vert, stocké à 300 bars et lui conférant une autonomie de 500 km. Ce projet a été mené dans le cadre du projet Flagships et a bénéficié de fonds européens, d’où la présence au baptême de Valérie Bouillon-Delporte, Directrice Exécutive du Clean Hydrogen Partnership, qui est d’ailleurs la marraine du bateau. « Cette innovation ouvre la voie de la décarbonation du transport de fret et de passagers sur les voies navigables de France et d’Europe grâce à de l’hydrogène produit à partir d’énergies propres », a-t-elle commenté. 

Précisons par ailleurs que le projet a bénéficié du plan d’aide à la modernisation et à l’innovation porté par Voies Navigables de France et co-financé par l’ADEME et la région Île-de-France. Autant de soutiens qui expliquent aussi la présence de Cécile Avezard, directrice générale de VNF, et de Delphine Bürkli au titre de la région Ile-de-France (représentant sa Présidente, Valérie Pécresse). 

Lors de la cérémonie, le Président de France Hydrogène, Philippe Boucly, a déclaré que « la mise en service du Zulu06 H2 est une avancée majeure pour la filière hydrogène et la décarbonation de la logistique fluviale ». Et de poursuivre : « L’hydrogène démontre sa pertinence pour fournir aux acteurs du transport fluvial et à leurs clients une solution zéro émission capable de répondre à leurs contraintes opérationnelles ». 

Le Zulu 06 opèrera sur la Seine, entre Gennevilliers et le cœur de Paris. C’est le premier bateau du genre à naviguer, mais « il faudrait d’autres acteurs pour créer les conditions d’un écosystème d’hydrogène vert dans le domaine fluvial », lance Pierre-Yves Girardet. Ce choix engagé est le seul à garantir une décarbonation totale.