RÉUNION DU CONSEIL NATIONAL DE L’HYDROGÈNE : PEU D’ANNONCES, MAIS UN SOUTIEN RÉAFFIRMÉ À LA FILIÈRE
Il aurait pu se tenir à Belfort, pendant le forum Hydrogen Business for Climate. Il a finalement eu lieu à Paris…Le 30 septembre, le Conseil National de l’Hydrogène s’est réuni à Bercy pour la troisième fois depuis sa création, en présence de Bruno Le Maire et de Barbara Pompili.
A cette occasion, le ministre de l’Economie s’est montré offensif. « Notre ambition, elle doit être très simple la France doit être le leader mondial de l’hydrogène vert. Pas un des leaders, le leader mondial de l’hydrogène vert », a-t-il déclaré en préambule. Il a mis ensuite la pression sur les entreprises en les enjoignant à construire des usines. « Nous devons développer nos sites industriels à échéance de semaines ou de mois. Il faut aller vite », a poursuivi le locataire de Bercy. « Nous pouvons faire émerger très rapidement pour que les Français
A cette occasion, le ministre de l’Economie s’est montré offensif. « Notre ambition, elle doit être très simple la France doit être le leader mondial de l’hydrogène vert. Pas un des leaders, le leader mondial de l’hydrogène vert », a-t-il déclaré en préambule. Il a mis ensuite la pression sur les entreprises en les enjoignant à construire des usines. « Nous devons développer nos sites industriels à échéance de semaines ou de mois. Il faut aller vite », a poursuivi le locataire de Bercy. « Nous pouvons faire émerger très rapidement pour que les Français réalisent ce que c’est que l’hydrogène, des sites d’électrolyse qui puissent donner corps à cette ambition politique et économique. Nous aurons le site de McPhy à Belfort. Nous avons le projet d’Air Liquide en Normandie, mais je pense qu’il faut que dans les mois qui viennent émergent des sites industriels d’électrolyse qui donnent corps à notre ambition énergétique sur l’hydrogène vert », a encore déclaré le ministre de l’Economie.
Bruno Le Maire a par ailleurs révélé que « le président de la République annoncera dans les jours qui viennent le plan d’investissements pour préparer la France 2030. L’hydrogène y aura évidemment toute sa place », a-t-il annoncé. « Cela suppose évidemment que les investissements privés suivent et qu’il y ait du partenariat public privé. Tout ne peut pas être financé uniquement sur le financement public », a précisé au passage le ministre.
En dehors de ces considérations politiques, on a appris qu’à ce jour, 286 millions d’euros ont déjà été engagés depuis le début de l’année, correspondant à un investissement total de 952 millions d’euros. D’ici la fin 2021, ce sont près de 2 milliards d’euros de subventions qui seront engagés ou en passe de l’être. Ils permettront de soutenir au total plus d’une centaine de projets.
Dans le détail, 51 millions d’euros de soutien public ont été attribués à 42 projets de R&D et d’intégration de technologies hydrogène dans le cadre des appels à projet filière du plan France Relance (lesquels représentent au total 257 millions d’euros d’investissement au total). 132 millions d’euros d’aides du Programme des Investissements d’Avenir ont par ailleurs été accordés pour des travaux de R&D relatifs aux avions à hydrogène dans le cadre du CORAC (Conseil pour la recherche aéronautique civile) et pour aider 4 régions (Occitanie, Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes, Grand-Est) à acquérir 14 trains à hydrogène, qui circuleront pour des essais fin 2023. Il s’agit d’un investissement total de 440 millions d’euros. L’Etat va également verser 55 millions d’euros, dans le cadre des programmes et équipements prioritaires de recherche, en faveur des laboratoires et organismes de recherche.
48 autres millions d’euros ont été engagés dans le cadre des appels à projets ADEME en faveur de l’innovation, des démonstrateurs et des écosystèmes, dans 10 projets (représentant 255 millions d’euros d’investissement). Des écosystèmes territoriaux d’hydrogène, tels que ceux d’Auxerre, de Rouen, de Limoges, de Cannes, du Grand Belfort, de Guyane, de la Réunion mais aussi des projets privés de logistique urbaine en Ile-de-France seront ainsi accompagnés par l’Etat. Ce déploiement dans les territoires crée les premiers débouchés pour les industriels et fait émerger une infrastructure pour la mobilité, avec plus 30 stations de recharge et environ 300 véhicules routiers (bus, bennes à ordures ménagères, véhicules utilitaires) à hydrogène à venir. D’ici la fin de l’année 1,7 millions d’euros supplémentaires devraient être engagés ou en passe de l’être. Les appels à projets de l’ADEME devraient permettre de sélectionner des nouveaux projets pour une centaine de millions d’euros de subventions.
Dans le cadre des fameux PIIEC (Projets Important d’Intérêt Européen Commun), 15 projets d’envergure français ont été déjà prénotifiés à la Commission début septembre. Ils permettraient d’engager la totalité des crédits, soit 1,575 milliards d’euros, prévus dans le cadre de France Relance et du Programme des Investissements d’Avenir, dès la validation de la Commission, qui devrait intervenir fin 2021. Les 15 projets IPCEI français, qui ont été prénotifiés, représentent un potentiel d’investissement de 5,8 milliards d’euros, et concernent : des gigafactories de production d’électrolyseurs ; des gigafactories de production des équipements pour la mobilité (piles à combustible, réservoirs, matériaux…) ou des trains à hydrogène ; la décarbonation de l’industrie lourde (raffineries, cimenteries, aciéries).
Les subventions proviennent des fonds de modernisation automobile et aéronautique, du soutien aux projets industriels dans les territoires, du Programme Investissements d’Avenir dans le cadre du Comité d’orientation de la recherche pour l’automobile et les mobilités (CORAM).
La filière peut aussi se satisfaire de voir que ses travaux sont reconnus par l’Etat. « Les études portées par France Hydrogène, le Comité stratégique de filière Nouveaux systèmes énergétiques et le CNH confortent l’objectif fixé par la stratégie d’accélération de l’hydrogène décarboné, d’installation de 6,5 GW d’électrolyseurs d’ici 2030 », peut-on lire dans le communiqué de Bercy. « Les gigafactories de production d’électrolyseurs, de stations de recharge, de réservoirs, de piles à combustible sont suffisantes pour équiper le territoire national et déployer l’hydrogène conformément à la stratégie nationale », est-il encore écrit. Le communiqué de Bercy fait aussi référence aux 7 bassins de production et de consommation d’hydrogène listés dans l’étude Ambitions 2030 de France Hydrogène.
Autre enseignement de cette nouvelle réunion du CNH : la réglementation va évoluer. Il a été rappelé que les administrations du ministère de la Transition écologique et du ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance ont lancé le 28 mai dernier une première réunion de travail avec France Hydrogène, les comités stratégiques de filière et les membres du CNH autour des enjeux réglementaires. L’association, en collaboration avec l’ensemble des fédérations professionnelles (Chimie, UFIP, GIFAS, PFA, A3M, Ferroviaire, Maritime), a recueilli des problématiques qui ont été regroupées dans 8 thématiques (production, stockage, réseaux, transport, distribution, véhicules, fiscalité, marchés publics). Chacune des thématiques donnera lieu à un ou plusieurs groupes de travail spécifiques réunissant des experts des entreprises et les directions compétentes de l’administration.
D’ores et déjà un projet de feuille de route conjointe entre France Hydrogène et la DGPR (Direction générale de la prévention des risques) a été élaborée pour faire évoluer la règlementation des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), relative aux rubriques de la nomenclature ICPE traitant de la distribution, du stockage et de la production d’hydrogène.
La prochaine réunion du CNH permettra de faire le point sur l’avancée de ces travaux, mais également d’aborder les questions relatives à la normalisation ou à la formation.