« Nous allons ouvrir 44 stations d’ici fin 2025 », Mathieu Gardies, Président-Directeur Général de Hype
A l’occasion d’un déplacement au Mans, vous avez annoncé la liste des premières métropoles dans lesquelles vous comptez vous déployer en dehors de l’Ile-de-France. Pouvez-vous les rappeler ?
Le Mans est la première métropole où nous allons ouvrir une station en dehors de l’Ile-de-France, notre berceau historique. Cette station développée en partenariat avec la métropole sera mise en service au mois de juin. Nous allons y ouvrir une seconde station courant 2024, puis une troisième d’ici fin 2025 au plus tard ; l’emplacement de cette dernière reste à déterminer en région Pays de la Loire. La préouverture de cette première station a été l’occasion d’annoncer les 6 autres nouvelles métropoles sélectionnées par Hype pour déployer sa plateforme : Bordeaux, Bruxelles, Madrid, Barcelone, Porto et Lisbonne. Notre objectif étant d’ici la fin 2025 de créer un corridor allant de la Belgique jusqu’au Portugal, comprenant le déploiement d’un minimum de 18 nouvelles stations dans ces 7 nouvelles métropoles, qui viennent s’ajouter aux 26 stations prévues en Ile-de-France.
Comment faîtes-vous pour déployer aussi vite toutes ces stations ?
Nous travaillons avec des partenaires comme HRS et McPhy auprès de qui nous avons sécurisé les équipements et qui ont les capacités industrielles pour produire et délivrer des stations de remplissage et les capacités de production associées. Dans les nouveaux territoires ciblés, nous nouons également des partenariats avec des acteurs privés et publics connaissant bien les écosystèmes locaux. Nous privilégions les métropoles qui ont initié une dynamique hydrogène, notamment dans le domaine des usages avec par exemple des bus et des bennes à ordures. Au Mans, plusieurs acteurs privés ont développé des projets, c’est la métropole qui fournit le terrain et a prévu de mettre en service 10 bus et 6 bennes à ordures ménagères d’ici début 2025. La région Pays de la Loire est elle-même très engagée au niveau de l’hydrogène. C’est le schéma que nous allons reproduire dans les autres métropoles. Notre souhait est d’accompagner les territoires à développer les mobilités hydrogène, avec des usages urbains et périurbains qui sont les plus pertinents possibles, comme les taxis, les bus, les camions et la livraison du dernier kilomètre. Nous nous positionnons comme un accélérateur de ces différentes initiatives pour leur permettre de passer à l’échelle rapidement et de relier ces métropoles entre elles.
Et pour le financement ?
Le projet « European Hydrogen Network by Hype* » devrait bénéficier d’une subvention européenne de plus de 18 M€, destinée à soutenir le développement des stations dans les nouvelles métropoles sélectionnées. On s’appuie également sur nos partenaires globaux qui sont la Banque des Territoires, Vinci, HRS, McPhy, Akuo Energy et Ecolotrans.
*qui a été sélectionné dans le cadre de l’appel à projets compétitif « CEF – Transport – AFIF (Alternative Fuels Infrastructure Facility) » lancé par la Commission européenne
Quel type d’hydrogène sera proposé dans ces stations ?
Si l’on prend le cas du Mans, il s’agit d’hydrogène renouvelable produit par Lhyfe en Vendée. Nous avons une approche pragmatique à ce sujet. S’agissant de l’Espagne et du Portugal, il est clair qu’ils seront en mesure de produire de l’hydrogène renouvelable à un prix compétitif. Si une solution existe localement à un prix intéressant, nous sommes clients. Sinon, on investit dans des électrolyseurs pour produire de l’hydrogène renouvelable, comme en Ile-de-France.
Vous souhaitez développer aussi les taxis en dehors de Paris ?
Bien sûr. Nous avons actuellement 300 taxis qui circulent en région parisienne et une commande ferme de 388 véhicules a été passée fin 2022 auprès de Toyota. Courant 2023, nous aurons donc 700 taxis en circulation. A ce propos, il faut préciser que les liens d’actionnariat sont dissociés entre Hype et Hysetco. Nous avons désormais une relation directe avec Toyota pour les véhicules. Hype peut contribuer à activer la mobilité, qu’il s’agisse de berlines ou d’utilitaires, avec des solutions packagées. En dehors de Toyota, nous discutons aussi avec les constructeurs français HYVIA et Stellantis pour acquérir des minivans et assurer ainsi du transport de personnes, que ce soit pour des familles ou des personnes à mobilité réduite. Avec les taxis et les stations, on permet de sécuriser des usages. Si on prend l’exemple de la station d’Issy-les-Moulineaux, qui a été ouverte récemment, cela a permis à Orange de s’équiper d’un premier utilitaire à hydrogène pour assurer ses interventions.
Comment définissez-vous votre rôle ?
Nous sommes un catalyseur. On sait que d’ici 2030 l’hydrogène sera produit en masse pour dépolluer et décarboner en priorité l’industrie et la mobilité lourde. Avec nos stations, nous arrivons à créer du lien entre aujourd’hui et 2030, et à amorcer aussi le démarrage de la mobilité légère quand cela est pertinent. C’est une façon d’accélérer le passage à l’échelle et de sécuriser les modèles économiques, tout en préparant l’arrivée de la mobilité lourde.