Mise à l’eau de l’Alba : le navire-école à l’hydrogène du lycée maritime de Bastia
Il aura fallu 4 ans pour concrétiser ce projet, qui a reçu le coup de cœur des Prix de France Hydrogène (voir les interviews du mois), décernés récemment à Dijon. « Nous avons commencé à réfléchir à ce projet en 2020, » confie Julien Cometto, Directeur adjoint du lycée maritime de Bastia. Et de poursuivre : « à la base, il s’agissait d’enrichir le catalogue des formations avec un bateau illustrant l’avenir et la transition énergétique, afin de répondre aux besoins des professionnels de la mer ». Et Julien Cometto l’avoue, c’est en étant inspiré par Energy Observer qu’il s’est donc tourné vers l’hydrogène. « Nous avons eu le sentiment de faire le bon choix, ce qui peut paraître présomptueux avec le recul. Mais, cela s’est confirmé par la suite et nous avons donc travaillé à un cahier des charges », précise-t-il.
Mûri pendant deux ans, ce cahier des charges avait pour prérequis une chaîne de propulsion zéro émission et un respect de la réglementation. Le lycée maritime de Bastia a réussi à convaincre le pôle Mer Méditerranée qui a labellisé son projet. Puis, il est devenu Lauréat de l’appel à projet de France AgriMer. Par la suite, le lycée a lancé un appel d’offres en 2022 auquel plusieurs entreprises ont répondu. Le choix s’est porté sur le groupement du cabinet d’architecture MAURIC, avec le chantier naval Gatto de Martigues, Alternatives Energies et EODev. Cette dernière société, filiale d’Energy Observer, a fourni deux systèmes piles à combustible de 70 kW qui, avec deux packs de batteries, propulsent l’Alba. Le navire peut opérer à 8 nœuds pendant plus de 12 heures sans interruption, grâce à ses 9 réservoirs d’hydrogène à 350 bars positionnés sur le pont et procurant une autonomie de 100 milles nautiques. Il sera capable d’atteindre 13,5 nœuds avec ses 12 élèves et 2 membres d’équipage. Pour réaliser ce navire, le lycée maritime de Bastia a bénéficié d’un financement de 4 millions d’euros dans le cadre de France Relance.
Certifié, grâce au concours de Bureau Veritas, et répondant à toutes les obligations maritimes de la division 222, le navire a été mis à l’eau le 26 juin. Et il a fait sa première navigation le 1er juillet entre Martigues et Fos sur Mer. « Le bateau a une bonne tenue à la mer, se montre efficient au niveau de la coque et apporte toutes les garanties de sécurité et de stabilité », se félicite Julien Cometto. « Et pourtant, il y avait du mistral pour sa première sortie. Malgré tout, le navire a pu atteindre 15 noeuds », souligne-t-il.
Mais c’est en Corse que ce bateau pédagogique va évoluer. Véritable vitrine de la filière maritime, l’Alba fait déjà la fierté des élèves du lycée. « Il y a un véritable engouement et les élèves ont une folle envie de voir ce bateau et naviguer avec », témoigne le directeur par suppléance de l’établissement. Au-delà de son rôle de support pédagogique, ce navire fédère déjà la filière hydrogène de l’île. « Nous avons échangé avec beaucoup d’acteurs locaux de l’hydrogène », indique M. Cometto. Et pour donner un exemple concret, le bateau Alba va bénéficier par exemple d’hydrogène produit par de l’électricité renouvelable, issue des panneaux solaires de Corsica Sole dans le cadre du projet Folell’Hy*. L’hydrogène sera ensuite transporté sous forme de racks et distribué à quai par une station à Bastia. « Nous voulons collaborer avec le plus de monde possible et montrer que la Corse est un territoire où on peut trouver des solutions de A à Z, avec le soutien de France Hydrogène », conclut Julien Cometto.
*le projet vise à convertir l’énergie solaire excédentaire de la centrale de Folelli en hydrogène renouvelable grâce à un électrolyseur. Cet hydrogène (jusqu’à deux millions de tonnes par an) et mis à disposition des utilisateurs après avoir été » conditionné dans des réservoirs transportables à 300 ou 500 bar.