« L’avenir est aux stations multi-énergies », Charles Antoine Gautier, Directeur adjoint pour l’énergie de la FNCCR
Quel est votre rapport avec l’hydrogène ?
La FNCCR ne réunit que des collectivités et a pour cœur de métier l’énergie. Au début, nous avons développé les réseaux de distribution d’énergie dans les territoires, puis les projets de transition énergétique et nous avons continué avec la mobilité décarbonée. C’est un dossier que j’ai suivi, à l’époque des différentes lois Grenelle. La fédération s’est donc investie dans la mobilité électrique, le GNV et par extension l’hydrogène. C’est d’ailleurs nous qui avons milité pour l’intégrer dans le code général des collectivités territoriales, de façon à ce que les communes et leurs groupements, tels que les syndicats d’énergie, puissent avoir la compétence sur ce sujet. Nous sommes attentifs à l’évolution de cette filière, qui vient prolonger l’électrique à batterie et nous paraît plus robuste même si les coûts restent encore importants.
Avant de rejoindre France Hydrogène, vous aviez déjà collaboré avec l’association.
Oui, la FNCCR avait sorti un guide sur les stations à l’hydrogène en 2018. A l’époque, l’association s’appelait encore l’AFHYPAC et nous avions travaillé avec le groupe France Hydrogène Mobilité sur ce document destiné aux collectivités locales. Il avait été présenté lors des Journées Hydrogène dans les territoires à Toulouse, puis distribué lors du Salon des maires et des collectivités locales quelques mois plus tard. Ce guide avait pour but de présenter les modalités pratiques d’installation d’une station, entre l’étude préalable, l’implantation, la maintenance et les critères de rentabilité. Le dernier Salon des maires était l’occasion de faire une mise à jour de ce document. Entre temps, les technologies ont évolué, de même que les montages financiers et les aspects juridiques.
Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’hydrogène en France ?
Il y a un intérêt de la part du gouvernement, mais également de nos adhérents. Avec les énergies renouvelables, l’électrolyse permet de produire localement de l’hydrogène renouvelable et donc d’accélérer le mouvement dans les territoires. Nous avons des exemples de réalisations sur le littoral Atlantique, avec par exemple le département de la Vendée et le Sydev qui ont incubé Lhyfe et lancé la production à Bouin, à partir d’éoliennes. Cet hydrogène est ensuite transporté jusqu’à des stations, dont celle du Mans. La prochaine étape sera ensuite de produire en mer, au pied des éoliennes. Il y a d’autres exemples, comme dans le Morbihan ou dans l’Eure. L’hydrogène renouvelable n’est pas la panacée, mais c’est un moyen de rendre au territoire l’énergie qu’on y produit, dans une logique d’économie circulaire. Cet hydrogène peut ensuite être distribué à des stations pour alimenter des véhicules lourds. L’engouement pour la filière vient aussi du fait que l’hydrogène est un vecteur de stockage. La FNCCR est intéressée par d’autres cas d’applications, comme l’injection d’hydrogène dans le réseau de gaz naturel ou encore la production d’électricité à partir d’une pile à combustible sur des sites non raccordés au réseau. L’intérêt est évident en montagne, mais aussi dans des territoires d’Outre-mer, comme à La Réunion où des gites sont alimentés de cette façon au cirque de Mafate.
Avez-vous communiqué sur l’hydrogène au Salon des maires ?
Oui, nous accompagnons les collectivités pour qu’elles puissent se doter de stations avec des énergies alternatives. Et nous les encourageons à s’engager pour porter des projets par exemple en répondant aux appels à manifestation d’intérêt de l’ADEME. Dans ce genre d’événements, ce sont des élus qui peuvent parler à d’autres élus et partager de bonnes pratiques. Il existe d’ailleurs aussi un club des collectivités au sein de France Hydrogène auquel nous participons. Pour la FNCCR, il est nécessaire de dupliquer les projets qui tiennent la route. Nous proposons à la fois une vision nationale et une vision locale du mix énergétique. Pour nous, l’avenir passe par des stations multi-énergies, comme en Vendée. Il est important maintenant de mailler les stations existantes et de réfléchir à l’itinérance, comme nous l’avons fait pour les bornes de recharge électriques. J’ajoute que l’hydrogène est aussi le moyen de faire rester des entreprises dans les territoires, de créer de l’emploi local et de nouer des partenariats.