Hydrogène : une des alternatives au gaz russe ?
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, s’est montrée très claire le 8 mars : « nous devons être indépendant du pétrole, du charbon et du gaz russe ». Afin d’agir sur la hausse des prix de l’énergie et pour ne pas reposer sur un fournisseur qui menace l’Europe, le plan propose donc de diversifier d’abord les sources d’approvisionnement. « RepowerEU » suggère d’augmenter les importations de GNL et de faire transiter par le réseau de gazoducs du gaz naturel provenant de fournisseurs non russes. En parallèle, la stratégie est également d’augmenter l’utilisation de biométhane et d’hydrogène (par de la production locale à hauteur de 5 M de t et des importations à hauteur de 10 M de t). En réduisant la consommation de gaz classique (qui serait remplacé par des EnR) pour le chauffage domestique et la production d’électricité, on pourrait déjà réduire des deux tiers la dépendance par rapport au gaz russe d’ici la fin de l’année. Et ne plus dépendre de Moscou bien avant 2030.
« Nous devons passer aux énergies renouvelables à la vitesse de la lumière », a déclaré le Vice-Président de la Commission, en charge du Green Deal, Frans Timmermans. « Ces énergies sont accessibles, propres et représentent potentiellement une source infinie créant de surcroît des emplois », complète-t-il. Et de conclure : « la guerre de Poutine en Ukraine montre l’urgence de faire cette transition ».
Ce plan « RepowerEU » est plutôt une bonne nouvelle pour la filière hydrogène, qui figure déjà en bonne place au sein des priorités de la Commission Européenne. Le conflit actuel rebat un peu les cartes, car l’Ukraine avait été identifié comme un partenaire potentiel dans le cadre de l’initiative 2 x 40 GW. Elle pouvait potentiellement représenter près de 8 GW en importation d’hydrogène. Mais, il y a d’autres pays en lice. Par exemple, l’Allemagne a signé un accord avec la Namibie (représentant 3 GW de capacité d’électrolyseurs). On sait que d’autres pays, en Europe (Espagne), dans le Maghreb (Maroc) ou plus lointains (Chili, Arabie Saoudite) entendent valoriser leurs énergies renouvelables et se lancer dans l’export d’hydrogène.
Pour sa part, la France prend le parti d’une production européenne indépendante, sans importation extracommunautaire. Sur cette position, Paris a su convaincre les ministres de l’énergie hongrois, estonien et polonais qui se sont tous clairement prononcé contre les importations d’hydrogène lors d’une réunion des 27 ministres européens.
En tout cas, le plan « RepowerEU » préconise de développer à la fois les usines de production, des capacités de stockage et de développer une infrastructure ravitaillant notamment les ports. Même si cela n’est pas mentionné, ce plan renforce la pertinence d’une dorsale européenne pour massifier le transport d’hydrogène.