Honda se diversifie autour de la pile à combustible
A l’occasion d’un briefing qui s’est tenu à Tokyo, le groupe a présenté sa stratégie et ses derniers produits. En ce qui concerne la mobilité, Honda confirme d’abord la sortie d’une version à hydrogène du CR-V. Lancé en Amérique du Nord, le SUV embarquera la dernière génération de pile à combustible codéveloppée avec General Motors dans le cadre de leur structure commune*. Par rapport à celle de la Clarity FCEV, et dont la génération précédente date de 2019, la pile coûte un tiers de moins et dure deux fois plus longtemps. Honda et GM se fixent pour objectif de réduire encore de moitié ce prix et de doubler encore la durée de vie d’ici 2030.
A côté de l’automobile, où il pense devenir plus compétitif à la fin de la décennie, l’industriel japonais va proposer sa technologie sur d’autres segments de la mobilité. Ainsi, Honda vient de démarrer en Chine un test avec un camion de Dongfeng Motor Group. Et au Japon, un autre est prévu avec Isuzu Motors, avec qui la marque coopère pour développer un camion à hydrogène. Dans ce pays, Honda s’implique aussi au niveau de l’infrastructure, pour les camions avec Marubeni Corporation et Iwatani Corporation, et plus globalement au sein du consortium Japan H2 Mobility. Aux USA, il collabore avec Shell et FirstElement Fuel.
A partir de 2025, les applications vont se diversifier. En parallèle de l’auto et du camion, Honda va investir les engins de chantier (du type pelleteuses) et proposer des piles pour des applications stationnaires. Le groupe estime qu’il y a un besoin à satisfaire pour alimenter en énergie les data centers. Il a déjà mené des tests à partir de la pile de la Clarity FCEV.
Récemment, Honda a également communiqué sur son partenariat avec l’agence spatiale japonaise (JAXA) pour produire de l’hydrogène sur la lune. Suite à un accord signé avec cette agence en novembre 2020, Honda s’engage donc à développer un prototype de système d’énergie renouvelable circulaire qu’il devrait présenter au cours de l’année fiscale 2023 (une période qui court jusqu’au 31 mars 2024). Ce système utilisera une pile à combustible et un électrolyseur afin de produire de l’électricité à partir d’énergie solaire et d’eau. Le procédé coûte moins cher que le stockage par batteries secondaires et s’avère aussi plus compact et léger. Ces travaux s’inscrivent dans le cadre du projet américain Artemis, dont la JAXA est aussi partenaire, et qui vise une présence durable sur la lune.
L’objectif est de passer de 2 000 piles par an en 2025 à 6 000 par an en 2030, puis des centaines de milliers par an en 2040. Au-delà de cette position de fournisseur de piles, comme le font déjà Toyota et Hyundai (et en concurrence frontale avec Ballard, EKPO, Symbio et bien d’autres), Honda entend aussi être un acteur de l’écosystème. Il a manifesté dans le cadre du briefing son intention de se greffer sur des projets. Une volonté qui va l’amener aussi à être plus actif en Europe.
*Les deux partenaires travaillent ensemble depuis 2013