Dans un contexte difficile, marqué par la volonté de faire des économies, certains signes montrent que l’Etat continue de soutenir l’hydrogène.

Exit Bruno Le Maire et Roland Lescure…. Mais, la filière hydrogène est sans doute rassurée de revoir Agnès Pannier-Runacher qui est ministre de la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques. Elle avait occupé précédemment ce poste de mai 2022 à février 2024 sous Elisabeth Borne. A ce titre, elle avait d’ailleurs accompagné la délégation française à la COP28 de Dubaï. Il faut rappeler qu’elle avait été auparavant ministre déléguée chargée de l’Industrie dans le gouvernement de Jean Castex, de 2020 à 2022. Dans le cadre du plan de relance économique post-Covid, c’est elle qui avait présenté un plan de soutien à la filière de production d’hydrogène et des mesures de soutien à la relocalisation. Autant dire qu’elle connaît le dossier.

France Hydrogène compte vivement sur elle pour l’aboutissement rapide de la révision de la Stratégie nationale hydrogène (SNH2). La filière a besoin « d’un cap clair », afin « d’engager les investissements massifs nécessaires à l’atteinte des objectifs climatiques et industriels nationaux ». L’association a des attentes par rapport aux dispositifs de soutien prévus par le plan France 2030, et en particulier le mécanisme de soutien à la production d’hydrogène par électrolyse déjà porté par la ministre il y a un an, ainsi que pour la publication des décrets d’application de la TIRUERT.

Par ailleurs, on peut relever que la ministre de la Transition écologique figure à la 8ème place dans l’ordre protocolaire. Son nom précède le nouveau titulaire de Bercy, qui est Antoine Armand, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie. Il est à noter également que Mme Pannier-Runacher dispose d’une ministre déléguée en la personne d’Olga Givernet, chargée de l’Energie (une fonction qui dépendait avant du ministre de l’Industrie Roland Lescure, et qui était rattachée au ministre de l’Economie Bruno Le Maire). Les autres interlocuteurs de la filière hydrogène sont Marc Ferracci, ministre délégué chargé de l’industrie ; ainsi que François Durovray, ministre délégué chargé des transports.

Qui est Antoine Armand ? Avant d’arriver à Bercy, il était député Renaissance de la 2ème circonscription de Haute-Savoie. Il a fait partie de la Commission des affaires économiques et de celle du développement durable et de l’aménagement du territoire. C’était le rapporteur de la commission d’enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France. D’ailleurs, ses premiers mots lors de la passation des pouvoirs ont été les suivants : « Je ferai de notre souveraineté, de la transition écologique et du pouvoir d’achat mes priorités ». Très engagé sur les questions énergétiques, Antoine Armand a aussi rappelé son attachement à défendre la « souveraineté énergétique et industrielle de la France ».

Quant à Marc Ferracci, il était député de la 6ème Circonscription des Français établis hors de France (Suisse et Lichtenstein). Il était par ailleurs Vice-Président du Groupe Renaissance à l’Assemblée nationale. Cet économiste a été le premier ministre du nouveau gouvernement à parler d’hydrogène. Il était en effet de passage le jeudi 3 octobre en région Bourgogne-Franche-Comté. Lors de sa visite à l’usine de Forvia à Allenjoie (Doubs), il a lâché quelques phrases qui ont de quoi rassurer la filière. « Le principe du soutien reste et demeure », en particulier « le principe du soutien aux investissements en matière de décarbonation des sites industriels, le principe du soutien à la filière hydrogène qui a été beaucoup financée par le programme France 2030. On souhaite maintenir un haut niveau d’ambition sur tous ces programmes », a indiqué le ministre, dont les propos sont rapportés à l’AFP. On peut considérer comme symbolique ce passage à Allenjoie, où Forvia fabriquait traditionnellement des systèmes d’échappement pour Stellantis et se diversifie avec des réservoirs à hydrogène.

Précisons encore que François Durovray, le ministre des Transports, est également Président du département de l’Essonne. Sur son territoire, il héberge le centre de Hyliko à Villabé, le long de l’autoroute A6.  

« Du retard a été pris, et nous attendons désormais une accélération vive des actions gouvernementales en faveur de la filière hydrogène : se doter d’un cap et d’une boussole avec une stratégie hydrogène révisée, prévoir dans le PLF 2025 les crédits nécessaires pour engager les dispositifs de soutien promis. Comme toujours, nous nous tenons à l’écoute pour échanger et œuvrer à l’atteinte des objectifs climatiques aux niveaux national et international », souligne le Président de France Hydrogène, Philippe Boucly.