Hopium en difficulté
Le 22 décembre, Hopium a publié un communiqué annonçant que la société « renforce sa gouvernance opérationnelle et fixe ses nouvelles priorités stratégiques pour le développement de l’Hopium Machina ». Trois jours plus tôt, le 19, le Conseil d’Administration a « décidé de renforcer la gouvernance opérationnelle de la société dans le cadre d’une feuille de route redéfinie en tenant compte des capacités de financement et de nouveaux objectifs opérationnels ».
La première information est qu’Olivier Lombard, pilote et fondateur de la marque, est nommé Directeur général adjoint en charge du produit Hopium Machina, « dont la plateforme technologique et le système pile à combustible, piliers de la stratégie ». En parallèle, l’entreprise a nommé deux directeurs généraux qui « apporteront leurs expertises acquises dans le pilotage de grands groupes internationaux« . Le premier DG est Sylvain Laurent, administrateur d’Hopium depuis décembre 2021, qui a occupé des postes de direction chez IBM, Siemens et Dassault Systèmes. Le second, qui est DG délégué, est Philippe Baudillon. Cet énarque a exercé plusieurs fonctions de direction générale dans l’univers du sport et des médias. Il a notamment été PDG de Clear Channel France. Les priorités pour 2023 sont d’ajuster la structure de charges et de poursuivre le développement du système de pile à combustible à hautes performances.
Sur le premier point, le communiqué précise qu’Hopium dispose d’une ligne de financement obligataire conclue en octobre 2022 avec la société Atlas Special Opportunities d’un montant brut maximum de 21,5 M€. Elle a d’ailleurs annoncé le 10 janvier avoir procédé au tirage d’une deuxième tranche de 200 obligations convertibles en actions d’une valeur nominale de 10.000 euros chacune. Hopium a aussi un accord avec LDA Capital sur un montant de 50 M€. La société dispose par ailleurs du soutien de ses actionnaires historiques qui ont décidé de procéder à un apport en compte courant d’associés à hauteur de 1,9 M€, portant le montant des apports en compte courant d’associés à 5,4 M€. La marque continue « d’explorer en parallèle d’autres sources de financement et différents schémas industriels ». Le 13 janvier, un communiqué est venu préciser que Hopium peut tenir en l’état jusqu’au 30 juin.
Sur le second point, Hopium se prépare à un recentrage : la volonté est de « séquencer le développement de prochains prototypes » et « ajuster les effectifs en fonction des priorités stratégiques ». Autant de mesures qui « permettront de mieux répartir le besoin de financement de la société dans les prochains mois ». La société « détaillera sa feuille de route à l’occasion de la présentation de ses comptes annuels ». En juillet dernier, le jeune constructeur avait annoncé son intention de déposer les 10 premières demandes de brevets pour son modèle de berline, l’Hopium Machina. Ce qui a été fait depuis pour un total de 16 brevets. Le dépôt vise à « garantir la protection des savoir-faire et la propriété de ses innovations technologiques, avec l’ambition de donner vie à la nouvelle génération de véhicules à hydrogène ». Les brevets portent sur « un ensemble d’innovations, tant en termes d’optimisation, d’efficience, de durabilité et d’impact environnemental du système de pile à combustible haute puissance, que de design intérieur et extérieur, comprenant les interfaces et l’expérience utilisateur ». La marque pourrait valoriser ces brevets auprès d’autres compétiteurs, y compris en dehors de la sphère de l’hydrogène.
Par ailleurs, en octobre dernier, une filiale avait été créée. Il s’agit de la société Hopium Lab, dont la vocation est de mener des activités de R&D innovantes et durables dans le cadre de partenariats en France et à l’étranger, notamment en matière de « produits et services basés sur l’usage de nouveaux matériaux et/ou de nouvelles technologies dans les domaines de l’environnement, de l’énergie, de l’agronomie et de l’industrie ». En l’état, Hopium ne pourra sans doute pas tenir les délais d’ici 2025 pour sa voiture et devra se limiter dans un premier temps au rôle de fournisseur de technologie.