Hopium, le retour ?
Fondée par un pilote automobile, la start-up devait sortir en 2025 une berline de sport à l’hydrogène made in France. Elle s’est recentrée sur la pile à combustible et semble en passe de réussir son pari.
Hopium, fondée par Olivier Lombard, ancien pilote des 24 H du Mans, visait à devenir le leader de l’hydrogène, à l’instar de Tesla. Après un début prometteur avec la Machina et une commande de 10 000 véhicules du Crédit Agricole, la société a rencontré de nombreuses difficultés, aboutissant à un redressement judiciaire* en octobre 2022. Après plusieurs changements de direction, Hopium s’est recentrée sur le développement de la pile à combustible, abandonnant son projet automobile. Depuis l’arrivée de Stéphane Rabatel, ancien de Renault, en février 2024, la société semble avoir retrouvé de la stabilité et fait preuve de plus de transparence dans ses communications.
La société, qui perdait encore 30 millions d’euros en 2023, est sortie de ses difficultés financières et n’a perdu que 3,6 millions sur le premier semestre 2024. C’est le résultat d’un plan qui a permis de réduire les charges salariales et d’optimiser les dépenses. Et dans le même temps, l’entreprise a bien avancé. Conformément à son plan de marche, elle a validé plusieurs jalons techniques pour sa pile de 100 kW, qui est présentée comme « 30% plus compacte et 20% plus légère que les leaders du marché ». Son poids serait ainsi inférieur à 25 kg. La technologie a été validée virtuellement avec un jumeau numérique, avant d’être éprouvée sur un banc d’essai, puis testée sur route. Pour cette dernière partie, la pile à combustible a été intégrée sous le capot de la Machina, qui a servi de laboratoire roulant. La prochaine étape est la mise en production de la pile en 2025, près de Lyon. C’est en effet à Saint-Bonnet-de-Mure que l’entreprise va s’installer sur un site de plus de 1 000 m2. Elle a choisi un emplacement stratégique, permettant de réunir les équipes R&D, les équipes techniques et la production. Dans la mesure où bon nombre de collaborateurs sont en région Lyonnaise, le choix d’Hopium est assez logique. Il est même naturel, si l’on considère l’écosystème dynamique de la région Auvergne-Rhône-Alpes dans le domaine des mobilités et de l’hydrogène, avec les compétences qui vont avec.
Précisons au passage que la société vient de faire son entrée dans le classement BPIFrance et France Industrie des « Startups deeptech françaises actrices de la Décarbonation et de la Réindustrialisation » dans la catégorie « Nouveaux produits/Nouvelle mobilité ».
Les objectifs de Hopium sont clairs. L’entreprise se tourne clairement vers la mobilité lourde. Elle cible le camion, où la pile peut adresser un marché de masse, mais aussi le bus, le maritime (pour les bateaux de moins de 30 m) et l’aviation légère. « Notre principal concurrent c’est le Diesel« , martèle le dirigeant qui entend bien devenir l’acteur de référence de la décarbonation de la mobilité lourde à l’horizon 2028-2030. Une première application est déjà annoncée dans le maritime avec K-Tech en 2025 pour un navire d’assistance de l’America’s Cup. Hopium est en discussions avec plusieurs clients potentiels. L’entreprise met en avant ses atouts dont la compacité, la légèreté et le prix. La société a conçu ses produits de façon modulaire afin de répondre aux principaux besoins, et en plaçant le curseur (durabilité, performances) de façon à rendre la technologie compétitive.
À travers ses derniers événements (le forum Hydrogen Business for Climate de Montbéliard et le salon Hydrogen Technology Expo Europe de Hambourg), l’entreprise a fait l’objet de nombreuses sollicitations. Elle a reçu par ailleurs plusieurs offres d’actionnariat durable, émanant de sociétés non européennes.
*Un sursis a été accordé jusqu’en janvier 2025