L’opérateur, qui propose des camions à hydrogène (neufs et rétrofités) ainsi que des stations, fait le point sur ses activités. Il entend se développer à Paris et Lyon, avant de dupliquer son modèle à plus large échelle.

Vous avez inauguré le 23 septembre votre site de Villabé, au sud de Paris. Peut-on dire que Hyliko entre dans le concret ?

« Absolument. Nous avons mis à la route au début de l’été les premiers camions retrofités à l’hydrogène et homologués en France. Ils roulent tous les jours. Juste avant les Jeux Olympiques, nous avons réuni en juillet nos clients et nos fournisseurs pour organiser une journée portes ouvertes à notre site de Villabé, dans l’Essonne, où nous proposons une station de distribution d’hydrogène et un centre de maintenance. C’est la première brique d’un écosystème H2 pour les camions en Ile-de-France. Puis, nous avons procédé à l’inauguration officielle le 23 septembre en présence des élus ».

Le nouveau ministre des Transports aurait pu figurer parmi les invités en tant que Président du département.

« Il devait en effet venir. Mais, en raison de sa nomination au gouvernement, il a été remplacé par la sénatrice Laure Darcos, qui est également conseillère départementale. Nous avons déjà rencontré à plusieurs reprises François Durovray dans le cadre d’événements locaux. Depuis deux ans, il a aussi entendu parler de nous par le maire de la commune, Karl Dirat. Les élus du territoire sont conscients de l’importance de ce projet en termes de décarbonation et d’innovation. Hyliko a reçu une aide de l’agglomération, du département et de la région. Dès que les agendas le permettront, nous ferons venir des représentants du ministère des Transports ».

Vous avez démarré par le rétrofit. Pourquoi ce choix ?

« C’est une solution transitoire qui permet de démarrer plus rapidement. Mis à part Hyundai, qui fournit depuis déjà quelques années des camions en Suisse et en Allemagne, et qui arrive en France, la plupart des constructeurs arriveront plus tard sur le marché. Or, les besoins se font sentir dès aujourd’hui pour le camion à hydrogène. Nous proposons donc de rétrofiter des camions de 5 ans d’âge. De plus, nous pouvons ainsi répondre à des demandes que les industriels ne pourront pas satisfaire avant un bon moment. Je pense par exemple au plateau-grue que nous avons développé pour Point P et qui sert pour des chantiers de construction ».

Qu’est-ce qui fait la singularité de Hyliko ?

« Nous avons un modèle d’intégration verticale que l’on pourrait comparer à Hysetco. Il permet de résoudre le dilemme de l’œuf et de la poule, car nous livrons des stations en même temps que des camions. Aujourd’hui, nous avons une offre dans le sud de l’Ile-de-France, mais nous avons aussi en projet une solution similaire de station et de camions au nord de la région. Notre ambition est aussi de dupliquer ce modèle en région Auvergne-Rhône-Alpes avec deux stations d’avitaillement. Le défi sera ensuite de faire la liaison entre ces deux écosystèmes du Grand Paris et du Grand Lyon. Pour le moment, l’autonomie est insuffisante pour faire la distance en raison de nos réservoirs de stockage à 350 bars. Mais d’ici deux ans, nous passerons à des réservoirs de 700 bars de façon à atteindre un rayon d’action de 800 km. Nous serons alors en mesure d’offrir les mêmes capacités qu’un camion thermique et avec un temps réduit pour refaire le plein ».

Comment voyez-vous vote développement ?

« D’ici la fin de l’année, nous devrions être en mesure de partager de bonnes nouvelles. L’ambition de Hyliko est de massifier le transport routier par hydrogène. Nous avons une trajectoire ambitieuse de développement au niveau national à l’horizon 2030. On en reparlera ».

Peut-on dire que l’hydrogène est pris en compte dans le monde du camion ?

« Je vous confirme que l’hydrogène fait bien partie de la feuille de route des constructeurs. On commence à entendre parler de tests dès l’année prochaine et même pour certains industriels de l’arrivée d’un moteur à combustion à l’hydrogène, comme on a pu le voir au salon IAA de Hanovre. Le marché a besoin d’une offre diversifiée. Pour le moment, on voit surtout des camions électriques, mais il ne fait aucun doute que l’hydrogène est l‘étape d’après ».