L’entreprise va démarrer en 2025 sur son site de Blanquefort (Gironde) la production de piles à combustible de forte puissance destinées aux marchés de la mobilité lourde maritime et ferroviaire, ainsi que de la production d'électricité pour les réseaux électriques publics.

Le 30 mai, vous avez inauguré votre usine de piles à combustible à Blanquefort près de Bordeaux. Il s’agit à la fois d’une étape majeure et d’un site très symbolique ?

En effet, c’est le premier projet industriel issu de la cession des terrains de Ford. Le constructeur américain y avait une usine de boîtes de vitesses qui a fermé en 2019. Sur les 40 hectares de terrain, nous n’en occupons que 4. Mais c’est une première réindustrialisation sur un site emblématique. Fin mai, nous avons accueilli 700 personnes à l’occasion de l’inauguration, dont quelques personnalités comme la députée Pascale Boyer, présidente du groupe d’étude énergie et hydrogène de l’Assemblée nationale ; Alain Rousset, président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine ; Christine Bost, présidente de Bordeaux Métropole, ou encore Véronique Ferreira, maire de Blanquefort. Il y avait également beaucoup de décideurs locaux.

Quel regard vous portez sur l’écosystème hydrogène Aquitain ?

Je note que l’écosystème régional est en expansion en Nouvelle-Aquitaine, avec plus d’acteurs, même si d’autres régions sont plus dynamiques. La région nous a toujours soutenus et a fait preuve d’écoute et de bienveillance. Localement, sur le port de Bordeaux, nous avons pris une participation aux côtés de CLYD, un architecte naval, dans la nouvelle société HYNAVAL. Nous avons décidé d’unir nos compétences autour de la conversion des bateaux à l’hydrogène. Ce sera un débouché pour nos piles à combustible de forte puissance.

Parlez-nous justement des piles à combustible qui seront produites dans votre usine…

Pour le moment, nous avons juste inauguré le bâtiment. Dès cet été, nous finaliserons le processus industriel. En 2025, nous démarrons la phase de présérie et la plateforme de tests des piles à combustible.

 Il faut savoir que ce projet industriel de HDF Energy a été retenu au titre des PIIEC (Projet Important d’Intérêt Européen Commun) hydrogène par l’Etat français dans le cadre de la vague Hy2Move. Nous bénéficions donc de financements qui vont nous permettre de concevoir et fabriquer des piles à combustible de forte puissance pour décarboner la mobilité lourde maritime et ferroviaire. Il y aura donc de la R&D et des partenariats au niveau européen. Les piles à combustible de HDF Energy ouvrent la voie à une nouvelle ère de transport écologique en remplaçant les moteurs diesel des locomotives de fret et de manœuvre par un système de propulsion à hydrogène. Elles offrent aussi une solution innovante pour les auxiliaires de puissance et la propulsion de bateaux, ainsi que la fourniture d’électricité propre aux navires à quai.

Vous êtes l’un des rares acteurs à avoir choisi dès le début l’export…

C’est exact. HDF Energy est présent dans 30 pays, avec à chaque fois des salariés locaux pour mieux comprendre les besoins de ces pays. Notre spécialité est le développement de centrales électriques à hydrogène. Nous avons d’abord monté un projet en Guyane avant de dupliquer ce modèle partout dans le monde, notamment en Indonésie, au Mexique ou en Namibie. Notre pipeline de projets est de l’ordre de 5 milliards d’euros. La logique est similaire pour l’usine, dont les produits partiront à 80% pour l’export. Le marché mondial du fret ferroviaire, c’est 100 000 locomotives Diesel à remplacer. Et dans le maritime, un tiers des bateaux dans le monde peuvent être rétrofités par une propulsion hydrogène propre. Je pense que les fabricants d’électrolyseurs devraient eux aussi penser plus à l’export et avec un tarif compétitif pour investir le marché. La force de notre entreprise est de se confronter au terrain dans le monde entier.

A quand la grande série ?

En 2026, l’industrialisation sera lancée, avec pour objectif une capacité de production annuelle de 1 GW à partir de 2030. Nous affichons des ambitions modestes, avec une capacité de 80 piles à combustible par an. Cela peut sembler peu, mais il faut savoir que chacune pèse 30 tonnes et qu’elle embarque des milliers de composants. Nous abordons de nouveaux marchés et avec un site de production qui est le seul du genre en Europe et dans le monde. Les décideurs doivent avoir conscience que HDF Energy déploie de nouveaux usages de l’hydrogène donc de nouveaux marchés dans le monde entier (la mobilité lourde maritime et ferroviaire, ainsi que la production d’électricité via l’hydrogène pour les réseaux publics), et ceci prend nécessairement du temps. Le choix de HDF Energy est de créer les conditions d’un cercle vertueux qui bénéficiera aussi à l’industrie.

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HDF Energy pourrait toucher jusqu’à 172 millions de la part de l’Etat pour son usine de piles à combustible. 

L’industriel bordelais annonce l’approbation par la Commission européenne du soutien financier de la France à son projet industriel dans le cadre des PIIEC (Projet Important d’Intérêt Européen Commun). Ce soutien financier de l’Etat s’inscrit dans le PIIEC « Hy2Move » approuvé par la Commission européenne le 28 mai.