Réaction de France Hydrogène à l’adoption de la directive sur les énergies renouvelables (RED3)
La directive adoptée fixe un objectif ambitieux d’utilisation d’hydrogène électrolytique renouvelable dans l’industrie : 42% en 2030, 60% en 2035. Par ailleurs, le volume cible d’hydrogène renouvelable peut être réduit de 20% si l’hydrogène non-fossile représente plus de 77% de la consommation d’hydrogène par l’industrie de cet Etat membre, et plus de 80% en 2035. C’est-à-dire que les Etats souhaitant produire de l’hydrogène à partir d’électricité nucléaire pourront avoir une cible aménagée d’hydrogène renouvelable, à condition d’aller plus loin sur la décarbonation de leur industrie que les Etats se limitant à l’atteinte de la cible d’hydrogène renouvelable.
C’est un premier pas majeur vers la reconnaissance de la complémentarité entre énergies renouvelables et nucléaire pour le développement de l’hydrogène et, plus globalement, de la décarbonation de notre économie. En s’insérant dans cet aménagement, la filière française pourra assurer le fonctionnement des électrolyseurs avec un facteur de charge très élevé (>7000h/an) grâce au mix électrique français décarboné, et un besoin réduit en infrastructures (le facteur de charge élevé permet d’assurer la continuité de fourniture sans recours à d’importantes capacités de stockage). Et en matière d’approvisionnement électrique, un recours équilibré aux énergies renouvelables et au nucléaire.
Concernant les transports, la directive adoptée établit une cible commune aux carburants renouvelables d’origine non-biologique (RFNBOs) et aux biocarburants avancés : 5,5% de la consommation énergétique totale des transports d’ici 2030. Un sous-objectif minimal d’utilisation de 1% de RFNBOs est par ailleurs fixé. Si nous pouvons regretter que cette cible d’utilisation d’hydrogène renouvelable soit peu ambitieuse relativement aux propositions de la Commission et du Parlement, elle envoie néanmoins un signal fort au secteur, et doit permettre de lancer les projets. Par ailleurs, cette cible d’hydrogène renouvelable relativement basse laisse les marges de manœuvre, en France, pour lancer des projets de production d’hydrogène reposant de manière équilibrée sur un approvisionnement en électricité renouvelable et nucléaire. Et donc livrer un hydrogène compétitif, crucial pour engager la dynamique de conversion des flottes à l’hydrogène ou d’utilisation de carburants de synthèse dans le transport maritime et aérien.
C’est sur ce dernier secteur que doivent désormais se tourner les regards, avec le règlement ReFuelEU Aviation, qui va fixer des quotas d’utilisation de carburants de synthèse par le transport aérien, jusqu’en 2050. Cette trajectoire fixée pour plusieurs décennies, et les volumes énergétiques qu’elle représente, exigent que ce texte traite de manière totalement équitable l’hydrogène produit à partir d’énergies renouvelables et d’électricité nucléaire.
Philippe Boucly Président de France HydrogèneNous venons de passer une étape majeure pour le développement de l’hydrogène en France et en Europe ! Quelques pièces sont encore manquantes, mais nous avons désormais des règles et des objectifs clairs pour lancer les décisions finales d’investissement et des projets.
Je salue l’aménagement prévu pour les Etats souhaitant produire (en partie) de l’hydrogène à partir d’énergie nucléaire, ainsi que l’investissement très fort du Gouvernement et de Mme Pannier-Runacher sur ce dossier. La réduction rapide et massive des émissions devrait être notre boussole, nucléaire et renouvelables sont complémentaires. Il est demandé aux Etats souhaitant bénéficier de cet aménagement d’aller bien plus loin et plus vite que les autres dans la décarbonation de leur industrie … très bien, défi accepté ! C’est sur cette ambition relevée et avec nos atouts que construirons une filière porteuse de décarbonation massive, de souveraineté et d’emplois dans les territoires.