IPCEI : l’Europe double la mise
La Commission a ainsi validé 5,2 milliards d’euros d’aides d’Etat pour 35 projets impliquant 29 sociétés et 13 Etats membres, dont la France. L’exécutif européen estime que ces aides d’Etat devraient permettre de lever 7 milliards d’euros supplémentaires d’investissements privés.
Ce nouvel IPCEI, qui couvre les infrastructures liées à l’hydrogène et les applications dans le secteur de l’industrie, a été notifié par l’Autriche, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, la France, la Grèce, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Slovaquie et la Suède. Du côté français, les lauréats sont Air Liquide (qui a également des projets aux Pays-Bas), Total et Engie. Ces deux derniers sont associés dans le cadre du projet MassHylia, portant sur la raffinerie de la Mède.
L’ensemble doit soutenir la construction de grands électrolyseurs et d’infrastructures de transport pour la production, le stockage et le transport d’hydrogène renouvelable et bas carbone. « La chaîne de valeur de l’hydrogène en Europe n’en est qu’à ses balbutiements », rappelle la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, dans un communiqué. « Investir seuls dans un marché si innovant peut être risqué pour les États membres ou les entreprises. C’est ici que les aides d’État ont un rôle à jouer, pour débloquer, attirer et mobiliser des investissements privés considérables qui, autrement, ne seraient pas réalisés ». L’objectif est aussi de réduire la dépendance au gaz naturel sur fond de crise de l’énergie résultant notamment de l’agression russe en Ukraine.
Par ailleurs, la Première Ministre Elisabeth Borne, en déplacement le 28 septembre sur le site Alphatech de Plastic Omnium à Compiègne (Oise), aux côtés des ministres Bruno Le Maire, Agnès Pannier-Runacher, Roland Lescure et Laurence Bonne, est revenue sur le premier IPCEI Hy2Tech. La cheffe du gouvernement a annoncé que 2,1 milliards d’euros de financement public seront consacrés au développement des 10 projets retenus dans l’hexagone, et compléteront les 3,2 milliards d’euros d’investissements privés. Ces projets permettront notamment la construction sur le territoire de quatre gigafactories d’électrolyseurs (représentant jusqu’à 40 % du marché européen des électrolyseurs à horizon 2030) ainsi que la fabrication de piles à combustible, de réservoirs, ainsi que de trains et de véhicules utilitaires à hydrogène. Ces sites industriels seront implantés dans sept régions et permettront de créer près de 5 200 emplois directs sur les territoires. Par ailleurs, la Première ministre a rappelé les grands chiffres de la stratégie hydrogène française dans le cadre du plan d’investissement France 2030 : 9 milliards d’euros seront investis entre 2020 et 2030 avec 100 000 à 150 000 emplois à la clé.
Profitant de la visite d’Elisabeth Borne, Laurent Favre, directeur général de Plastic Omnium, a annoncé un financement public de 74 millions d’euros. Cette somme sera injectée dans la construction d’une usine de fabrication de réservoirs à hydrogène « la plus importante d’Europe ». Les travaux débuteront en 2023 et devraient se terminer en 2024, avec un début de production prévu pour 2025. Basée à Compiègne, à quelques kilomètres du centre R&D Alphatech de Plastic Omnium, elle sera dotée d’une capacité de production de 80 000 réservoirs par an, permettant la création de 200 nouveaux emplois. Il s’agira de la seconde usine de ce type pour Plastic Omnium, la première étant située en Belgique, avec une capacité de production de 20 000 réservoirs hydrogène pour des trains Alstom ou encore des bus Safra. Ces 74 millions d’euros font partie d’un investissement global de 160 millions d’euros dans l’entreprise familiale française, un financement qui s’étalera de 2022 à 2028. Plastic Omnium espère réaliser, à terme, 300 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025 et 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2030 dans la filière hydrogène.
Elisabeth Borne a rappelé qu’une dizaine de dossiers français restent en lice pour une troisième et une quatrième vague, centrées autour des infrastructures de production et de la mobilité hydrogène. « Nous veillerons à ce que ces projets bénéficient des mêmes modalités de soutien. Aucun projet ne sera laissé de côté », a martelé la Première Ministre. « Avec l’hydrogène décarboné, la France a fait le choix de l’emploi, de la souveraineté et la neutralité carbone », a conclu Élisabeth Borne qui souhaite faire de la France « un leader européen et mondial du secteur ».