« EDF cible l’industrie et la mobilité lourde avec l’hydrogène bas carbone », Elodie Perret, conseillère hydrogène du PDG Jean-Bernard Levy
Quelles sont les ambitions du Groupe dans l’hydrogène ?
Il est clair qu’on change de braquet puisque l’objectif est de devenir l’un des leaders européens de la production d’hydrogène 100 % bas carbone. Le plan s’appuie sur le parc de production d’électricité bas carbone d’EDF, à la fois nucléaire et renouvelable, mais aussi sur le savoir-faire développé par sa filiale Hynamics, créée en 2019 et spécialisée dans la production d’hydrogène par électrolyse. L’ambition est de développer 3 GW de projets par électrolyse dans le monde, dont une majorité en Europe. Sur ce continent, justement, nous ciblons des pays comme la France et l’Allemagne, qui sont très volontaristes, ainsi que la Belgique, l’Italie et le Royaume-Uni.
Quel bilan faites-vous de l’activité de votre filiale Hynamics après 3 ans d’existence ?
Depuis sa création, Hynamics a réussi à percer sur le marché. Elle a été retenue, par exemple, dans le cadre des appels à projets écosystèmes territoriaux de l’hydrogène pour de la mobilité avec des bus à Auxerre. La société est aussi partenaire de l’un des 15 projets pré-notifiés par la France auprès de la Commission Européenne au titre des IPCEI. Il s‘agit du projet Hynovi réalisé en partenariat avec le cimentier Vicat. Le projet vise à capter du CO2 sur le site d’une cimenterie et à produire du méthanol de synthèse pour des carburants dédiés à la mobilité lourde, notamment maritime.
Hynamics a aussi identifié des usages liés à l’industrie. Ainsi, il y a un projet en Alsace avec Borealis pour décarboner la production de fertilisants et d’engrais. Un autre projet dans la vallée de la chimie à Lyon concerne la fabrication de polyamides. Dans les deux cas, il s’agit de remplacer l’hydrogène obtenu par reformage par de l’hydrogène électrolytique. De plus, la filiale du Groupe a des activités à l’international. Son premier contrat a été décroché en Allemagne, dans le cadre du projet Westküste 100 (30 MW d’électrolyse d’ici 2026) pour produire de l’hydrogène pour la raffinerie de Heide. A terme, la capacité de l’électrolyseur sera étendue, et le projet permettra de fabriquer du méthanol en combinant l’hydrogène renouvelable produit avec le CO2 capté sur une cimenterie. Hynamics et les filiales du Groupe ont d’autres projets dans ce pays, tout comme au Royaume-Uni, en Belgique et en Italie.
Quelles autres entités du Groupe vont participer à ce plan industriel ?
EDF peut s’appuyer sur ses ingénieries internes, notamment le CIST-Ingeum, une société d’ingénierie dans les métiers de l’énergie. Il a aussi une filiale EDF Renouvelables, qui porte des projets de production d’hydrogène à partir d’électricité produite par de l’éolien et du solaire. Par exemple, la structure est impliquée dans un projet d’éoliennes en mer, au large de la Côte Est des Etats-Unis, dont un volet concernant la production d’hydrogène avec un électrolyseur de 10 MW. Le Groupe s’intéresse à des pays comme le Chili et le Brésil, dans lesquels les coûts de production à partir d’énergies renouvelables sont relativement bas et qui pourraient exporter demain de l’hydrogène sous forme de dérivés.
Quelle est votre vision du développement de l’hydrogène ?
Le Groupe EDF estime que l’hydrogène n’est pas une solution qui s’applique partout. Elle a du sens pour la mobilité lourde par exemple. C’est le cas pour les bus, mais aussi pour les trains. A ce propos, Hynamics est partenaire d’Alstom, afin d’optimiser le remplissage en hydrogène des trains de voyageurs. Nous estimons aussi qu’il y a un gros gisement pour les secteurs de l’aviation et du maritime avec des carburants dérivés de l’hydrogène. Le groupe EDF entend aussi répondre aux besoins de décarbonation des industriels, aussi bien dans la chimie qui utilise déjà de l’hydrogène, que dans les nouveaux usages, pour la sidérurgie par exemple. C’est aussi le cas dans les cimenteries, pour produire du méthanol de synthèse.